C’est au travers d’assemblages que Jacques Vandamme entreprend ses voyages graphiques. Il n’y a pas de destination précise voulue. Ces montages élaborés à partir d’objets observés ou créés de manière aléatoire, prennent corps par accumulation, ajustage, superposition.
Michel voiturier avait écrit en 2015 : « Au commencement, il y a l’image photographique. Bien réelle, bien réaliste. Qui donne à voir de l’immédiatement identifiable parce qu’appartenant au quotidien, au banal, au routinier.
A la fin, il y a les couleurs et la forme. Il y a une œuvre qui s’apparente à l’art abstrait. Car l’objet saisi au départ ne subsiste plus que par fragments dispersés, par transmutation de l’échelle de certains éléments grâce à des manipulations informatiques. Ce que le regard aurait dû percevoir au premier coup d’œil se cherche désormais à travers une enquête sur un puzzle. Ce qui est regardé reprend alors par endroits des allusions à la réalité initiale.
Mais c’est sans importance. Ce qui intéresse Vandamme, c’est la métamorphose. La transformation du connu en inconnu, de l’évident en aléatoire. Comme si parti d’un cocon, il ne nous en restituait que le papillon qui en est sorti. Comme si ce qui s’avérait le sujet de départ n‘était perceptible maintenant qu’en observant la formule de son ADN.
Et le plaisir, dès lors, ne consiste plus à remonter vers l’origine mais bien à savourer le devenir, le devenu. C’est-à-dire avoir l’humilité de ne pas prétendre reconstituer ce qui était présent. Donc accepter que les apparences soient autres que celles qui étaient attendues, qui étaient nées de l‘habitude, qui rassuraient par conformisme.
Il convient par conséquent de se soumettre au pouvoir dévolu à l’artiste de modifier ce qu’il aborde, de le considérer non pas en tant qu’élément figé à jamais sur un support mais bien en tant que résultat d’une évolution, d’un passage temporel, d’une mutation, toutes conditions susceptibles de se poursuivre ultérieurement. »
Jacques Vandamme