Diptyques-série 2006-2007
La série de photographies numériques « 2006-2007 » est constituée de diptyques.
Pièges au regard , chaque photographie est constituée de deux prises de vue assemblées côte à côte, semblables et différentes à la fois. On y retrouve des mêmes objets, parfois des éléments de décor similaires, jamais la même sensation de lieu ; l’extérieur et l’intérieur, le naturel et le construit échangent leurs indices. La couleur est franche ; elle provoque des ruptures, sauts de plans et l’oeil, malgré une apparente continuité de l’image, en est égaré. Ces diptyques intervertissent sciemment leurs parties. Les objets sont intrigants : restes organiques méconnaissables, « petites choses » d’une collection, débris d’un objet moulé dont l’origine échappe à la reconnaissance.
Ils sont posés dans deux espaces reliés dont le dispositif se laisse voir. Le spectateur est derrière les acteurs, dans les coulisses, le hors-champ. Il voit de la construction des fragments redistribués, ainsi que les rouages et l’envers, ou l’intérieur.
Anne De Roo, Juin 2007
L’autre jeu
Photographies de Jacques Vandamme
Le ciel et la terre s’ouvrent. Ou la forêt. L’artiste éparpille les éléments d’une boîte de couleur, sans projet précis. Il feint la négligence, l’abandon du jeu en une fin de journée d’été dont on n’a pas voulu admettre le crépuscule.
L’enfant a tendu une toile. Il a planté des piquets. Il a sorti toutes les figurines du jeu. Tout est étalé. Maintenant le photographe regarde. Il regarde de si près qu’il doit avoir la tête sur l’herbe ou sur le sol improvisé en formica. Il voit le ciel entre les pans de la toile. La teinte splendide de la terre se mêle aux godets de couleur. A côté de lui les restes d’un jeu d’hier que l’enfant a oublié : une architecture savante qui inspire des pouvoirs imparables. Il s’en détourne parfois ; elle l’ennuie. Il préfère laisser les rouages et les courroies s’ébaucher en rêve et la machine s’étendre au monde de ses pensées. Ce sont les jours où il se glisse entre les jouets de la veille, alors tout se met en branle : une machine inespérée, vaste comme l’univers. Pas de contraintes à l’assemblage. Chaque chose reste où elle est, libre en son abandon, éprise du coin de terre ou de couleur où elle est tombée, d’autant plus utile à la construction . Sans résistance particulière, elle devient pourtant pilier. Sans propriété adhésive, elle soude. Si elle perce, c’est pour mettre en relation. Quand une série d’éléments s’alignent, ils cintrent d’un rien la structure. S’ils se croisent, ils étayent. S’ils s’ajustent, ils ébauchent une paroi. S’ils semblent peser, ils lestent. Multipliés, ils renforcent une surface, une base. Rapetissés, espacés, ils indiquent un faîte, un ciel en horizon à la machine.
Le photographe est discret : il fixe un brin tous ces états sans les déranger, sans les faire fuir, car l’imaginaire de l’artiste est fragile comme le faon.
Anne De Roo, Avril 2008
Dimensions : chaque photo 100 cm x 33 cm
Impression numérique sur papier baryte marouflé sur plaque aluminium