Actitudes contemporaines belges
Partir de quelque chose
En guise d’introduction, le terme d’« assemblage » me semble, jusqu’ici, le plus approprié.
Bien qu’inévitablement envisagé, celui de « collage », pourrait sembler usuellement plus adéquat pour parler de rapprochements d’éléments provenant d’univers différents.
Quoi qu’il en soit, le matériau de base, c’est de la photographie en studio. Des prises de vue d’un type d’objets, à partir desquelles se déclinent des variations autour de leurs formes, leurs matières, leurs ressemblances et dissemblances. Ces objets sont tantôt façonnés, ou plutôt moulés, en plâtre, et ont des dimensions variables tout en n’excédant pas la cinquantaine de centimètres, tantôt choisis dans le « monde réel ». Ils sont replacés, alors, en situation spatiale particulière.
Ensuite c’est sans doute davantage en dessinateur que j’agis, même si le médium répond à la définition de photographie au départ. Les assemblages sont menés selon un mode proche d’une manipulation de gravure. Des états se succèdent pour former des strates, des combinaisons. Au fil des jours, des étapes sont abandonnées, effacées ; et d’autres s’insèrent dans la trame, recouvrent ou restent transparentes. La couleur y agit de manière arbitraire, constitutive. Seuls, au départ, sont choisis les formats envisagés.
Une combinatoire, quant à elle, se plie à ces limites, marges d’une perception. Une combinaison de hasards, au sens d’évènements venant à un moment donné à se rencontrer, chacun avec son passé, sa charge de signes propres, enchaînés les uns aux autres. La matière photographique organisée autour de signifiants propres fait signe, même ,et surtout si elle s’inscrit dans un univers banalisé, jonché de signes communs. Il y a une perspective, mais elle ne propose pas une organisation centrale, elle essaime en parties, en pluriels. La lecture, partie d’une planéité originelle, secondée par des aplats de couleur, puis détournée vers des centres échancrés, est réitérée inlassablement. S’il y a une rigueur, c’est celle de balancer entre l’ordonné et l’aléatoire. Le premier correspond au désir de construire, le second à celui de fouiller, interpréter et manipuler. Il demeure alors possible de s’absorber dans la perception de parcelles autant que dans celle d’un ensemble.
Ces expérimentations se poursuivent, se développent, parfois jusqu’à la saturation et s’arrêtent alors, au seuil de l’illisible.
Elles se présentent sous la forme d’impressions digitales. Techniques qui permettent de s’adapter à diverses circonstances, telles que des interventions dans des lieux particuliers nécessitant des supports à chaque fois reconsidérés.
Jacques Vandamme Décembre 2017